Historique

 à l'aube des années 60...

Le Ministère des Affaires Culturelles André Malraux souhaite rendre l’art accessible au plus grand nombre de personnes, et l’idée de créer de nouveaux établissements sur l’ensemble du territoire fait vite son chemin. C’est ainsi qu’il a été décidé de créer, sous le nom de Maison de la Culture, des établissements où chacun soit tenté de venir, qu’elle que soit sa condition sociale, et dans lesquels seraient présentées des œuvres relevant des différentes formes d’art, dans des conditions qui favorisent un rapport de communication avec ces œuvres et garantissent au public le plus large choix dans la plus grande liberté. Les œuvres de la culture étant, par essence, le bien de tous et le miroir de la société, il importe que chacun y puisse mesurer sa richesse et s’y contempler. Trois conditions principales sont alors requises :

  • L’animation : une maison de la culture doit aller au devant de son public, qu’elle doit en quelque sorte conquérir, et concevoir l’ensemble de sa programmation dans l’optique de cette initiation du public aux différents langages artistiques.
  • La liberté : pour une maison de la culture, c’est d’abord son indépendance vis-à-vis de la hiérarchie sociale. Elle doit être conçue pour organiser une rencontre avec les formes de culture et fonctionner de telle sorte que nul ne s’en sente exclu pour des raisons d’ordre social. C’est ensuite l’indépendance et l’autorité des responsables face aux pouvoirs. C’est enfin la liberté du public qui doit pouvoir opérer librement son choix et auquel on doit proposer un éventail d’œuvres aussi ouvert que possible.
  • La polyvalence : le rapprochement permanent entre différentes formes d’expression artistique doit faciliter le passage du public de l’une à l’autre, tout en lui faisant saisir l’identité fondamentale de l’artiste.

 Fin 1965 à 1971

A la fin des années 60, après l’ouverture et les expérimentations des premières maisons de la culture, sur des bâtiments existants déjà (Le Havre, Caen, l’Est Parisien, Firminy, Thonon ou Bourges), ou construits à cette occasion (Amiens et Grenoble), commencent dans d’autres villes (Nevers, Reims, Rennes…) des constructions similaires qui constitueront la base d’une action culturelle forte, mais surtout le fondement des premières étapes de la décentralisation.

Ainsi, à Nevers, les travaux de cette future maison furent entamés fin 1965 pour durer plusieurs années jusqu’à son inauguration en 1971. Cette période plutôt longue s’explique par le site choisi pour sa construction, situé juste avant la confluence du fleuve Loire et de la rivière Nièvre, dans la continuité géographique de l’ancien quartier populaire des Pâtis, ancien quartier de pêcheurs, détruit en 1961. Tout près de là, sous l’actuel skate-park, le port des mariniers avait une vocation commerciale avec notamment le transport de la faïence. Mais l’urbanisation et surtout le développement de l’automobile eurent raison des Pâtis, et sa destruction fut qualifiée à l’époque d’utilité publique. La déviation de la RN 7 visant à désengorger le centre-ville obligea donc le remblaiement total de ce quartier et l’écoulement souterrain de la Nièvre sous l’actuel boulevard de Coubertin (du Pont Cizeau jusqu’au pont Mal Placé). Les constructions simultanées et conjointes de La Maison et de la Bourse du Travail expliquent également les délais importants de ce chantier faramineux.

Comme ses grandes sœurs déjà fonctionnelles sur le territoire, la maison de la culture de Nevers propose dès son ouverture au public une diversité de pratiques basée sur la mutualisation. Pour les adhérents, outre la programmation de spectacles et les expositions, qui aujourd’hui encore représentent l’essentiel de l’activité de La Maison, d’autres services ou propositions sont les fers de lance du projet voulu par Malraux :

  • La bibliothèque, située au 1er étage, regroupait jusqu’à 2000 livres et ouvrages, un système d’emprunt était proposé aux gens pour les livres de poche (système des médiathèques actuelles), les revues, journaux périodiques et encyclopédies pouvaient être consultées sur place, dans la salle de documentation donnant sur la Loire.
  • La discothèque, elle aussi au 1er étage, était composée de deux salles : l’une servait à stocker jusqu’à 2500 disques, empruntables au domicile ou écoutables sur place dans la seconde salle, qui vit se mettre en place assez tôt un système d’écoute individuel.
  • Des ateliers d’arts plastiques autour de la sérigraphie, de la peinture et bien d’autres disciplines étaient proposés chaque saison, des rencontres et débats abordant de nombreux sujets et intervenants se déroulaient dans ses murs.
  • Des ateliers vidéo, animations et reportages photos virent le jour dans les années 70, puis des ateliers de musique pour tous âges, des animations littéraires ou encore ateliers de créativité se mirent en place.
  • L’atelier théâtre fut fondé afin de créer des spectacles et de proposer un certain nombre de représentations au public. Ce collectif de comédiens (dont le directeur fut à une certaine époque Jean Lauberty, qui a donné son nom à la petite salle) pouvait faire appel à des metteurs en scène, décorateurs ou autres comédiens afin de mettre en œuvre les projets. Ce collectif était aussi chargé des ateliers et de l’animation.
  • Des projections de cinéma étaient régulièrement proposées au public, dans le cadre de la programmation ou de rencontres, la salle de projection était située, dans la grande salle, derrière l’actuelle régie, et dans la petite salle, à l’étage dans les anciennes régies. Il était également possible de regarder la télévision à la maison de la culture, notamment la seconde chaîne en couleurs de l’époque.

 

 Au début des années 80

L’essor des nouvelles médiathèques et plus généralement des structures telles que les centres culturels, mais aussi le développement du cinéma et de l’audiovisuel modifient le rôle de certains établissements. A Nevers, l’ouverture de la nouvelle médiathèque Jean Jaurès en 1983, construite pour parer au manque d’espace dans les anciens locaux de l’Hôtel de ville, permet alors de regrouper dans un même lieu les livres, ouvrages et fonds patrimoniaux, et le mode d’emprunt des livres est très vite informatisé. La discothèque n’est pas maintenue, les disques sont déplacés et seule la salle de projection perdure malgré l’évolution d’un 7ème art de plus en plus commercial, le premier cinéma Mazarin ayant ouvert au milieu des années 80. La salle de projection reste aujourd'hui la seule suite aux fermetures des nombreuses salles spécialisées. Des projections auront lieu à la maison de la culture jusqu’au début des années 2000 (festival de Nevers à l’aube), mais les nouvelles réglementations sécuritaires et le numérique scelleront son existence.

 

 Dans les années 90

La Maison de la Culture de Nevers, qui sera l’une des seules à conserver son nom avec celles de Grenoble, Bobigny, Bourges et Amiens, n’obtiendra cependant jamais le label de scène nationale lors du regroupement en 1991 avec les centres d’animation et de développement culturels imaginé afin de poursuivre les préceptes de pluridisciplinarité, de décentralisation et d’action culturelle. Comme la plupart de ses homologues françaises, elle deviendra avant tout un lieu de diffusion, répondant à l’évolution grandissante du spectacle vivant et à la demande d’un public exigeant et curieux.

Cette période sera malgré tout synonyme d’une première phase de travaux conséquents, en particulier sur la grande salle et le hall, mais aussi de transition avec un projet artistique en veilleuse jusqu’en 1999, date à laquelle ce projet sera relancé et supporté par la Ville et l’Agglomération de Nevers, mais aussi par le département de la Nièvre (en 1995, la structure devient maison de la culture de Nevers et de la Nièvre) pour y vivre un rayonnement fort et constant sur le territoire et bien au-delà aujourd’hui encore.

  

 ...à l’aube de 2020

En cette période de considérations écologiques majeures, la maison de la culture devient La Maison et s’inscrit, par le biais du dispositif Territoire à Energie Positive pour la Croissance Verte (TEPCV), comme une volonté d’inclure ce bâtiment dans son environnement naturel, en adéquation avec l’histoire du site sur laquelle elle est implantée depuis maintenant 50 ans.

directeurs successifs

  • Philippe Bonzon : 1966 (direction de l’association qui préfigura la Maison de la Culture) à 1971
  • Jean Mauroy : 1972 à 1978
  • Serge Font-Solé : 1978 à 1984
  • Claude Sageot : 1984 à 1990
  • Olivier Peyronnaud : 2000 à 2016
  • Jean-Luc Revol : depuis 2016